Les débuts de Bob Marley

Les légendes sont souvent de belles histoires. Celle de Bob Marley comporte tous les éléments pour donner à sa musique et à ses textes un caractère intemporel.

Le bébé mis au monde par Cedella Marley dans les premières heures du 6 février 1945 à Nine Miles, dans le centre-nord de la jamaïque, est un métis: sa mère, fille d'un petit cultivateur, descend des Africains amenés par les Espagnols puis les Anglais depuis que Christophe Colomb à découvert cette île des Caraïbes en 1494. Elle avait épousé, en juin 1944, Norval Marley, appartenant à une famille de jamaïcains blancs. Ce capitaine de l'armée britannique se disait sincèrement amoureux de la jeune fille, de trente ans sa cadette. Mais il n'était pas rare que ce type d'union, à peine plus d'un siécle après l'abolition de l'esclavage, suscite de nombreuses oppositions. Le couple n'a pas résisté aux pressions des proches du capitaine Marley qui n'a rendu que quelques visites à son fils Robert avant de succomber à la maladie en 1955. La même année, la mère de Bob part à Kingston tenter sa chance. L'exode rural massif y a entraîné l'apparition des bidonvilles. C'est dans ce décor de pauvreté et de souffrance que Bob passe son adolescence après avoir rejoint Cedella en 1957. A Trench Town, il trouve la famille qu'il n'a pas connue et qu'il recherche en traînant avec les gamins du quartier, parmi lesquels Bunny Livingstonne, un garçon de sin âge habitant le même >, ces logements au confort restreint construits par le gouvernement. Ils se fabriquent une guitare avec des objets récupérés et vont régulièrement assister le soir aux cours de chant que donne dans sa cour Joe Higgs un chanteur devenu star du ghetto depuis un premier succès en 1960.

Dans l'atelier de soudure où il se met à travailler à 15 ans, Bob n'a pas la tête à ce qu'il fait. il cherche à décrocher une audition auprès d'un producteur. Une de ses collégues, Desmond Dekker, vient quand à lui de réussir à enregistrer une première chanson au studio Beverley's. Il y accompagne Bob, qui s'était fait rembarrer brusquement quelque temps plus tôt au même endroit, et lui présente Jimmy Cliff: 14 ans et déjà deux tubes ! Grâce à Cliff, Bob peut enfin convaincre Leslie Kong, le patron. Son premier 45 tours, >, ne marche pas, pas plus d'ailleurs que les deux suivants. L'époque est au ska, un rythme rapide qui reflète parfaitement l'effervescence qui régne en Jamïque. L'indépendance acquise en 1962 fait naître de nouveaux espoirs. Pourtant, c'est l'une des périodes les plus difficiles pour Bob, devenu SDF après le départ de sa mère pour les Etats-Unis, en 1963. Pour oublier la faim, il répète avec Bunny et Peter Tosch dont il à fait la connaissance chez Joe Higgs. A trois, ils auront peut-être plus de chance qu'ils n'en ont eu chacun de leur côté. Ils font quelques concours et radios crochets sous différents noms avant d'opter pour celui de Wailers. le rasta Seeco, qui commence alors son long règne sur l'industrie du disque en jamaïque. Tous les artistes de l'île ou presque passeront entre ses mains jusqu'à la fin des années 70.